Communiqué
Global

Après la reprise de Mossoul, l’aide des donateurs est aujourd’hui primordiale pour des milliers de déplacés internes

Mosul – A l’approche de la fin des combats à l’ouest de Mossoul, les traces d’une catastrophe humanitaire qui ne fait que commencer annoncent une crise qui pourrait dépasser toutes les prévisions, affirme Hala Jaber, de l’OIM en Iraq.

De chaque côté des ponts flottant au-dessus du Tigre qui divise Mossoul en deux secteurs est et ouest, des différences flagrantes émergent rapidement tandis qu’apparaissent des changements de décor soudains.

Dans ce conte de deux cités, tout indique que l’est de Mossoul se relève rapidement : la vie reprend son cours et la majorité des services sont rétablis. Il faudra beaucoup plus de temps au secteur ouest pour renaître de ses cendres.

Quittant le tumulte de la vie quotidienne à l’est, une équipe de l’OIM, l’organisme des Nations Unies chargé des migrations, a traversé le pont vers le silence angoissant de l’ouest de Mossoul, un contraste saisissant par rapport à l’atmosphère de son jumeau de l’autre côté du Tigre, où la vie reprend rapidement.

Ici, la vie semble s’être arrêtée.

Les rangées de maisons et les quartiers en ruines s’étendent à perte de vue. Les carcasses de voitures, réduites en cendres et toujours garées devant ces coquilles vides qui étaient autrefois des maisons, témoignent de la violence des affrontements qui ont eu lieu dans cette partie de la ville.

Les routes autrefois engorgées sont désertes et la plupart sont défigurées par d’énormes cratères. Les trottoirs où les enfants avaient l’habitude de jouer sont aujourd’hui couverts de débris. Presque tous les chats et chiens errants qui courraient dans les rues sont eux aussi partis.

Les combats pour reprendre Mossoul du contrôle de Daech ont coûté très cher. Des quartiers entiers d’une ville dont les origines remontent à 401 avant J.-C. sont aujourd’hui en ruines. La vieille ville est presque une ville fantôme.

D’après les Nations Unies, sur les 54 quartiers résidentiels de Mossoul Ouest, 15 ont été « rasés » et 32 000 maisons ont été détruites dans ces quartiers. Quelque 23 autres districts sont modérément endommagés, avec près d’un tiers des bâtiments détruits. Dans les 16 quartiers considérés comme « légèrement » endommagés, 16 000 maisons ont été détruites.

Dans la vieille ville seule, plus de 5 500 édifices ont été endommagés, d’après les images satellites prises par Habitat. Quelque 490 maisons ont été détruites dans les dernières semaines de l’offensive.

Les cinq ponts traversant le Tigre ont été amputés, de nombreux réseaux électriques et écoles sont en ruines. Les routes et autoroutes frappées par les bombardements sont parsemées de cratères gigantesques. L’aéroport de Mossoul a été anéanti, tout comme le chemin de fer historique de la ville et au moins une université.

Les responsables estiment que près de 80 pourcent de l’établissement hospitalier (Medical City) de Mossoul est aujourd’hui calciné. La « Medical City » était le plus grand établissement médical dans le gouvernorat de Ninive, regroupant plusieurs hôpitaux, une école de médecine, des laboratoires et d’autres structures de soins. Des engins explosifs jonchent encore le sol. Plusieurs voitures contenant des bombes non désamorcées détectées par un collègue de l’OIM sont toujours garées à l’intérieur.

Le Plan de réponse humanitaire des Nations Unies pour l’Iraq, annoncé en février, soulignait que « l’opération à Mossoul pourrait être la plus importante opération humanitaire du monde en 2017 » et demandait 985 millions de dollars pour l’année, montant comprenant également les coûts estimés de l’aide aux civils touchés par les affrontements à Mossoul.

Début juin, moins de la moitié de ce montant – 440 millions de dollars – avait été reçue.

L’OIM continue de fournir de l’aide humanitaire aux dizaines de milliers de déplacés internes dans les sites d’urgence construits sur la piste d’atterrissage de Qayara et à Haji Ali, ainsi qu’aux familles hébergées dans des familles d’accueil hors des camps.

Toutefois, avec seulement 33 pourcent de l’appel de l’OIM de 28,83 millions de dollars reçus pour la crise à Mossoul – et 43 pourcent des 47,46 millions demandés pour d’autres régions d’Iraq – le déficit financier pourrait considérablement grever les prochaines opérations humanitaires.

En réponse à la crise de Mossoul, l’OIM a dispensé 287 977 consultations et traitements médicaux depuis juin 2016 et a fourni des équipements médicaux aux centres de soins desservant un grand nombre de déplacés internes. Les équipes médicales mobiles continuent de dispenser des services médicaux immédiats dans les zones les plus vulnérables.

L’OIM a également fourni des services psychologiques à 49 100 personnes et a distribué 61 600 kits d’aide non alimentaire aux déplacés internes. L’Organisation a également distribué 38 400 jerricans de kérosène et 9 000 caisses de vêtements au cours des 13 derniers mois.

L’OIM contribue déjà à la réhabilitation des infrastructures dans les trois villes reprises touchées par la crise de Mossoul, notamment : la réparation de réseaux d’eau, de canaux d’irrigation agricole, d’un centre de soins de santé, de réseaux électriques et la remise en état d’une école. Elle œuvre également en vue d’étendre ses travaux aux autres secteurs repris si et lorsque la situation le permet.

Pour améliorer les conditions de vie dans les abris, 17 500 tentes et 31 chapiteaux ont été installés par l’OIM et 14 415 kits de construction d’abris d’urgence ont été distribués. Des évaluations des dégâts causés aux abris ont été réalisées dans les villages au sud de Mossoul, jusqu’à Hamam al-Alil, et il est prévu d’améliorer certains abris et de réhabiliter des maisons endommagées. 

Néanmoins, des dizaines de milliers de familles ont perdu leur maison. Depuis le début des opérations à Mossoul en octobre 2016, le nombre cumulé de déplacés internes dont les lieux de déplacement et/ou de retour ont été identifiés par la Matrice de suivi du déplacement (DTM) de l’OIM s’élevait à 178 695 familles, soit 1 072 170 individus.

Parmi ces déplacés internes, plus de 846 252 (141 042 familles) sont toujours déplacés. Quelque 225 918 autres sont aujourd’hui rentrés chez eux, dont environ 80 pourcent dans leurs districts d’origine à l’est de Mossoul.

Parmi toutes les personnes actuellement déplacées par les opérations à Mossoul, plus de 360 100 (soit 42 pourcent) vivent dans des camps et des sites d’urgence autour de Mossoul. Les sites d’urgence de l’OIM accueillent près de 22 pourcent de ces déplacés.

« L’ampleur de la destruction à l’ouest de Mossoul est énorme et le défi de la reconstruction n’est pas une mince affaire pour garantir le retour de centaines de milliers d’Iraquiens dans leurs communautés d’origine. L’OIM est présente sur le terrain depuis le début. Elle fournit de l’aide humanitaire, des abris et une aide à la production de moyens de subsistance et s’engage à continuer grâce au financement demandé aux donateurs », déclare Thomas Lothar Weiss, chef de mission de l’OIM en Iraq.

La DTM collabore étroitement avec les autorités locales en vue d’étendre le système de suivi à l’ouest de Mossoul. La DTM sera centrée sur la mise en place d’un système de suivi des déplacés de retour là où les niveaux de déplacement à l’ouest de Mossoul sont les plus importants par rapport à la rive est du Tigre.

La DTM publiera prochainement son rapport intitulé « Mosul Military Operations : Population Movement Analysis (October 2016 to June 2017) ». Le rapport établit la chronologie des déplacements et des mouvements de retour qui ont eu lieu pendant les opérations militaires débutées le 17 octobre 2016.

La DTM de l’OIM suit activement le déplacement à travers l’Iraq.

Les résultats de la DTM et des informations sur la méthodologie de la DTM peuvent être consultés sur le portail de la DTM : http://iraqdtm.iom.int

Les derniers chiffres du suivi de l’urgence de la DTM sur le déplacement depuis Mossoul sont disponibles sur :

Pour plus d’informations, veuillez contacter l’OIM en Iraq : Hala Jaber, Tel : +964 751 740 1654, Email : hjaberbent@iom.int; Sandra Black, Tel : +964 751 234 2550, Email : sblack@iom.int