Communiqué
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400 journalistes ouest-africains ont été formés aux techniques de reportage sur la migration depuis 2018, plus récemment en Guinée-Bissau

Des journalistes de Guinée-Bissau reçoivent une formation à la couverture médiatique des questions migratoires. Photo : OIM

Bissau - Une couverture médiatique précise, claire et bien informée sur la migration est essentielle pour sensibiliser aux risques de la migration irrégulière en Afrique de l’Ouest et à la réintégration des migrants de retour dans leurs communautés. Considérés comme des éducateurs communautaires influents dans une région où le taux d’analphabétisme avoisine les 60 pour cent, les journalistes ont souvent une formation limitée voire inexistante en journalisme, à part dans quelques pays à revenu supérieur comme le Sénégal ou le Nigéria. 

C’est dans ce contexte que l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) - avec le financement du Fonds fiduciaire de l’UE pour l’Afrique - a organisé une formation de trois jours, cette semaine (5-7/02), sur les techniques de couverture des questions migratoires, pour 28 journalistes de Guinée-Bissau. Les participants, principalement issus de la radio dans un pays où la presse écrite n’est pas courante, ont commencé par apprendre les bases, notamment un aperçu de la situation migratoire en Guinée-Bissau et le long des itinéraires de la Méditerranée centrale et occidentale. 

La formation comprenait une étude approfondie de la terminologie de la migration et des considérations juridiques de chaque terme, par exemple, chaque réfugié est un migrant mais un migrant n’est pas forcément un réfugié. Ils en ont ensuite appris sur la traite des êtres humains en Guinée-Bissau et plus généralement à travers la région. 

« Avant l’atelier, je pensais que les gens migraient [illégalement] parce qu’ils le voulaient », a déclaré Nilza Utali, journaliste pour la télévision nationale en Guinée-Bissau. « Mais j’ai réalisé que même s’ils ont l’information, ils ne savent pas vraiment ce qu’ils risquent. Quand je les vois maintenant, je me sens en quelque sorte concernée. Je compatis avec eux et je sais pourquoi ils le font. » 

L’éthique journalistique - en particulier le rôle du journaliste dans la prévention et dans la protection des victimes de traite - a également été abordée. Une session visant à renforcer les techniques d’interview a été réalisée pour assurer la protection des migrants de retour (notamment les victimes de traite, les femmes enceintes et les mineurs). La formation était également l’occasion d’écouter Sanussi - une Bissau-guinéenne récemment revenue d’Algérie - qui a partagé son expérience de migration. 

« En tant que professionnels des médias, nous devons leur dire qu’ils peuvent utiliser leur argent pour obtenir un visa ou des papiers. Je veux leur dire : faites-le dans les règles, sans vous cacher. Mais nous ne pouvons pas leur dire qu’une voie est la bonne et que s’ils choisissent l’autre, ils mourront », a expliqué Utali. 

« Nous leur ferions juste peur mais ils partiraient quand même », a-t-elle conclu. 

Les participants ont visité deux centres de réintégration collective, qui ont chacun permis à deux migrants de retour de mettre leurs ressources en commun pour créer un élevage de volaille et un atelier de couture. Suite aux visites, les 28 journalistes ont créé le tout premier blog commun sur la migration en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale. 

« Apprendre comment couvrir les questions migratoires en tenant dûment compte des droits de l’homme et de la dignité des migrants est une étape fondamentale pour informer l’opinion publique. Pour une analyse objective et factuelle, il est important de savoir comment couvrir les questions migratoires de manière différente », a déclaré Laura Amadori, chef de mission de l’OIM en Guinée-Bissau.    

Cette formation a été dispensée dans le cadre de l’Initiative conjointe UE-OIM pour la protection et la réintégration des migrants, un programme d’aide au retour volontaire et à la réintégration pour les migrants bloqués le long des itinéraires migratoires de la Méditerranée. Le programmes est financé par l’Union européenne et mis en œuvre par l’OIM. Au total, 408 Bissau-guinéens ont reçu une aide dans le cadre de ce programme depuis 2017. 

Depuis 2018, l’OIM a formé 400 journalistes de sept pays d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale afin de renforcer la couverture médiatique sur la migration. L’un des objectifs secondaires est de mieux informer les usagers sur les risques de la migration irrégulière et de faciliter la réintégration des migrants de retour. 

Depuis le lancement de l’Initiative conjointe UE-OIM en 2017, près de 53 000 migrants ont été aidés à rentrer volontairement dans des pays d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale. Bien qu’un peu plus de 52 800 migrants de retour aient reçu une aide à l’arrivée, la réintégration économique, sociale et psychosociale reste un facteur clé du retour durable. 

Pour plus d’informations, veuillez contacter Sandro Moreira, OIM Guinée-Bissau, Tel : +225 95 539 35 51, Email : stmoreira@iom.int, ou Florence Kim, Bureau régional de l’OIM pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale à Dakar, Tel : +221786206213 ; Email : fkim@iom.int