Communiqué
Global

30 journalistes tchadiens ont été formés ce mois-ci, dépassant les 600 personnes formées en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale depuis 2018

30 journalistes ont participé à la première formation des médias sur la migration à N’Djamena. Photo : OIM/Kimani DeShields-Williams

N’Djamena - Ce mois-ci (10-11/07), 30 journalistes tchadiens se sont réunis pour un atelier sur la migration organisé par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) à N’Djamena, la capitale du Tchad. 

Dans un pays où les dynamiques migratoires sont complexes et où différentes catégories de migrants (déplacés internes, réfugiés, rapatriés tchadiens et ressortissants de pays tiers) coexistent, les journalistes locaux nécessitent parfois une orientation pour couvrir le thème des migrations. 

Par le biais de la Maison des Médias du Tchad, partenaire de l’OIM, ces journalistes et leur personnel ont sollicité une formation pour apporter aux participants les outils terminologiques et juridiques nécessaires pour couvrir la migration de manière éclairée. Beaucoup ont également demandé une formation pour apprendre à distinguer les différents types de migrants, en particulier ceux présentant des vulnérabilités. 

Depuis 2018, près de 600 journalistes ont participé aux ateliers à travers l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale - dont 51 journalistes et 44 journalistes étudiants en Gambie seulement. 

Ces ateliers ont été financés par l’Initiative conjointe UE-OIM pour la protection et la réintégration des migrants.

 « L’idée est de sensibiliser et de poser des questions simples : demander aux participants lequel de leurs parents est né au Tchad ou qui a étudié à l’étranger. Ainsi, les journalistes se rendent compte que couvrir la migration ne se limite pas à recenser les décès dans la Méditerranée », a expliqué Anne Kathrin Schaefer, chef de mission de l’OIM au Tchad. 

En Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale, pour le seul mois de juillet, l’OIM a également organisé des ateliers de formation pour des journalistes à Banjul, en Gambie (4-5 juillet), qui ont réuni 25 journalistes de Gambie, dont deux anciens bénéficiaires du Programme d’aide au retour volontaire. A Yaoundé, au Cameroun, l’OIM a organisé une séance pour 20 journalistes les 3 et 4 juillet. 

Le mot « migrant » est utilisé de manière si abusive dans les médias que j’étais embarrassé à chaque fois que je l’entendais. Pour moi, il faisait référence au stéréotype de l’Africain aux cheveux crépus, affamé et assoiffé, vendu en esclavage », a déclaré le blogueur tchadien Moukhtar Ben Ali, l’un des participants à la formation. « Mais même au Tchad, depuis son indépendance, notre gouvernement est composé de migrants. » 

« Pourquoi insistons-nous à parler de la migration irrégulière alors qu’elle ne représente que 10 pour cent des mouvements de population dans le monde ? Et pourquoi décrivons-nous la migration comme un phénomène africain alors que le continent africain est le quatrième « expéditeur » de migrants internationaux ? Ce n’est pas juste », a-t-il conclu. 

Le photographe tchadien Abdoulaye Barry a également participé à la formation pour mettre en avant la signification des images véhiculées par les médias et l’importance d’améliorer le photojournalisme dans le pays : « Nous devons aussi aller au-delà du simple fait de produire des images de migration. Nous devons donner une âme à ce phénomène et c’est ce qui rend la photographie magnifique », a-t-il déclaré. 

L’OIM au Tchad se prépare également à lancer la campagne Beyond Headlines (au-delà de la Une), qui vise à former de jeunes diplômés à la photographie et au journalisme afin qu’ils puissent couvrir le phénomène de migration au Tchad de manière différente. 

Tandis que la migration continue d’être fréquemment couverte dans les médias, en particulier à travers le prisme des décès dans la Méditerranée ou dans le désert, la diversité de la migration est rarement mentionnée dans les articles. Beyond the Headlines est une initiative qui donne à tous les migrants au Tchad l’opportunité de partager leurs histoires et de mettre un visage humain sur la complexité du phénomène. 

En proposant une vision plus large de la migration, le projet apportera une vision multidimensionnelle de la migration au Tchad. 

« Un examen approfondi des questions actuelles de la Gambie a révélé d’importantes lacunes dans la couverture médiatique de la migration et des questions qui s’y rapportent. Ces lacunes se trouvent dans l’utilisation de la terminologie et le traitement des questions éthiques. La formation était la première étape pour combler ces lacunes et a apporté aux journalistes de nouvelles compétences pour mieux informer le public sur la migration dans un contexte régional plus large », a déclaré Lamin Janateh, chargé du programme à l’Union de la presse gambienne. 

« Loin d’être une campagne marketing, cette formation permettra aux journalistes au Cameroun d’aborder de nouveaux angles journalistiques » ; a déclaré Emmanuel Jules Ntap de Voice of America, qui participe aussi à la formation. 

Les participants ont également interrogé des réfugiés soudanais et centrafricains attendant leur réinstallation dans des pays comme la France et ont été formés aux techniques d’entretien auprès des personnes vulnérables comme les victimes de traite. 

Pour plus d’informations, veuillez contacter Florence Kim, Bureau régional de l’OIM pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale, Tel. +221 620 62 13, email : fkim@iom.int