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Qui sommes nousL'Organisation internationale pour les migrations (OIM) fait partie du système des Nations Unies et est la première organisation intergouvernementale à promouvoir depuis 1951 une migration humaine et ordonnée qui profite à tous, composée de 175 Etats membres et présente dans 171 pays.
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Un film suscite un élan d’empathie pour les travailleurs étrangers en Corée
Republic of Korea
Après seulement quatre semaines à l’affiche, le film « Ode to My Father » a déjà été vu par un Coréen sur cinq. Qualifié de « Forrest Gump coréen » par quelques critiques, ce méga-succès au box-office relate d’importants événements de l’histoire moderne de la Corée, des années 1950 à nos jours.
Cependant, alors que Forrest Gump est un personnage unique en son genre, les deux protagonistes du film coréen incarnent au moins 18 000 personnes, à savoir les mineurs et les infirmières envoyés en Allemagne dans les années 60 et 70, tandis que se développait la Corée.
Mais pourquoi JK Youn, le réalisateur, a‑t-il choisi plus particulièrement ces migrants pour en faire les personnages principaux de son film ? « Ils sont trop importants pour être rayés de l’histoire moderne de la Corée », a-t‑il déclaré dans un entretien accordé récemment à un média coréen. « Sans eux, la Corée ne serait pas ce qu’elle est aujourd’hui ».
N’ayant pas d’autre choix au lendemain de la guerre de Corée, le Gouvernement coréen avait signé avec ce qui était alors l’Allemagne de l’Ouest, au début des années 60, un contrat de prêt en vertu duquel il acceptait d’envoyer dans ce pays des jeunes Coréens pour y combler les pénuries de main-d’œuvre dans les mines et les hôpitaux. Les salaires de ces travailleurs migrants servaient de garantie pour le prêt. Au total,
18 000 Coréens – 8 000 mineurs et 10 000 infirmières – ont ainsi été envoyés en Allemagne entre le début des années 60 et la fin des années 70. Les fonds rapatriés en Corée ont représenté plus de 2 % du produit national brut (PNB) de la République de Corée, contribuant à faire sortir le pays de la pauvreté.
Cependant, ce n’est pas la contribution économique des migrants qui émeut le public, mais plutôt les vicissitudes qu’ils ont endurées pour rendre cette contribution possible. Comme le montre le film, les mineurs travaillaient à 1000 mètres sous terre dans une chaleur extrême, tandis que les infirmières nettoyaient les cadavres dans les hôpitaux. « Je ne savais pas que des gens de la génération de nos parents avaient dû travailler dans des conditions pareilles », dit un adolescent ému. « Je les remercie pour leur dévouement envers notre pays ».
La gratitude n’est toutefois pas le seul sentiment qu’inspire le film ; celui‑ci soulève également un élan d’empathie. L’intention du réalisateur de susciter de l’empathie pour les travailleurs étrangers apparaît clairement dans une scène où Duk-soo est furieux de voir des lycéens coréens se moquer d’un couple de migrants, comme si c’était lui qu’ils insultaient. Selon des statistiques de 2013, 240 000 travailleurs étrangers sont employés en Corée pour combler les pénuries de main-d’œuvre, notamment dans la production industrielle, l’agriculture et les soins à domicile.
De fait, l’empathie de Duk-soo est contagieuse. Le 14 janvier, une grande chaîne d’information coréenne a diffusé un reportage sur la situation tragique des travailleurs étrangers employés dans des fermes et sur des bateaux de pêche dans deux provinces du pays, qui a suscité l’indignation de nombreux téléspectateurs. On y voyait des migrants travaillant sans protection dans des conditions dangereuses, en butte aux violences et aux insultes de leurs employeurs. Interrogés sur les raisons pour lesquelles ils ne rentraient pas chez eux au vu de telles conditions, ils ont tous répondu qu’il n’y aurait plus personne pour envoyer de l’argent à leur famille.
Pour Dustin Kerns, consultant en élaboration de programmes pour l’OIM Séoul, la réticence des travailleurs étrangers à rentrer au pays est compréhensible si l’on songe au sentiment de responsabilité qu’ils éprouvent à l’égard de leur famille et du développement de leur pays d’origine. « Le Népal, par exemple, dépend des rapatriements de fonds pour plus d’un quart de son PNB. Imaginez ce qui arriverait si ce flux monétaire s’interrompait brusquement », ajoute M. Kerns, qui lancera sous peu un projet financé par l’Agence coréenne de coopération internationale en collaboration avec l’OIM Népal, afin de renforcer l’articulation entre les rapatriements de fonds et le développement durable du Népal.
Cependant, les avantages économiques ne sauraient en aucun cas justifier les injustices dont les travailleurs étrangers sont victimes en Corée. Quelques militants qui les défendent ont déjà pressé le Gouvernement d’établir une liste de mesures visant à protéger les droits des migrants victimes d’abus, qui prévoient notamment de poursuivre les employeurs fautifs. Pour d’autres, il est plus important de mener des campagnes de sensibilisation, étant donné les préjugés qui ont cours à l’encontre des travailleurs étrangers. Cependant, s’attaquer aux causes des atteintes aux droits de l’homme n’est pas aussi facile qu’il n’y paraît. BoramJang, Coordonnatrice de recherche sur la traite d’êtres humains à l’OIM Séoul, estime qu’il faut bien plus que l’intervention du Gouvernement coréen et des campagnes de sensibilisation pour s’attaquer à ce problème, eu égard aux nombreuses autres parties prenantes telles que, par exemple, les pays d’origine des migrants et les agences de recrutement.
« Des mesures improvisées, adoptées à la hâte, feront plus de mal que de bien car la question est très complexe et délicate », prévient Mme Jang, qui a enquêté sur la traite d’êtres humains aux fins d’exploitation par le travail en Asie de l’Est et du Sud‑Est. « Le récent élan d’empathie pour les travailleurs étrangers en Corée est néanmoins encourageant. Il est toujours bon de se mettre dans la peau d’un autre, d’autant que les rôles étaient inversés il n’y a pas si longtemps ».