La migration au Pérou est une réalité bien
ancrée: quelque 2,5 millions de Péruviens, soit
près de 10 pour cent de la population péruvienne, ont
choisi d'émigrer dans l'espoir de trouver du travail et
d'offrir une vie meilleure à leur famille.

En 2005, plus de 300000 personnes ont quitté
définitivement le pays et les sondages confirment que sept
Péruviens sur dix se considèrent prêts à
émigrer, de préférence aux Etats-Unis ou en
Espagne.

En dépit de cinq années de résultats
positifs d'un point de vue économique et d'une croissance
économique annuelle dépassant les 5 pour cent, cette
tendance migratoire semble se poursuivre.

Il n'est dès lors pas surprenant que la question
migratoire soit devenue une priorité nationale.
Récemment, l'Espagne et le Pérou ont signé des
accords en matière de migrations pour le travail qui
permettront à terme à plus de 1500 Péruviens
d'obtenir un permis pour aller travailler en Espagne.

Afin de mieux soutenir une diaspora toujours plus importante, le
gouvernement péruvien a créé en 2004 le
Secrétariat des Péruviens de l'étranger au
sein du Ministère des Affaires étrangères. Ce
secrétariat s'est chargé d'accompagner les migrants,
de défendre leurs droits, d'encourager des schémas de
retour pour ceux désirant regagner le Pérou, et de
promouvoir les idées susceptibles de permettre que les
remises de fonds contribuent au développement du pays, des
remises qui représentaient en 2006 un total de 1,8 milliard
de dollars, soit 2 pour cent du PNB du Pérou.

Toutefois, ces avancées contrastaient avec l'absence de
véritables forums de réflexion, de discussion et
d'enseignement sur la migration. C'est pour combler cette lacune
qu'un diplôme de migrations internationales, de
mondialisation et de développement a été
créé en 2005 à l'Université catholique
pontificale du Pérou (PUCP).

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Le professeur Teófilo Altamirano, expert en migrations,
s'est attelé à cette tâche. « Le
diplôme a été lancé de façon
expérimentale, comme un séminaire susceptible de
renforcer les capacités des fonctionnaires du
Ministère des Affaires étrangères »
explique-t-il. Le projet a par la suite été
consolidé et « a permis d'aboutir à une
pensée critique susceptible de faciliter
l'élaboration de politiques migratoires efficaces au
Pérou. »

Dès le départ, cette initiative a
été soutenue par le bureau régional de l'OIM
pour la région andine. « Les recherches et les
discussions ont généré un savoir fondamental
en matière de prise de décisions » affirme
Pilar Norza, représentant régional de l'OIM

« La participation de l'OIM à ce cours apporte une
approche pratique car elle permet aux étudiants de
connaître le travail d'une organisation internationale de
référence en matière de migration »
explique Dolores Cortés, qui enseigne dans le cadre de ce
diplôme.

Ce diplôme comprend des cours portant sur des questions
clés en termes de politiques migratoires, d'emploi et de
remises de fonds. Il est proposé par le département
d'étude postdoctoral de sciences politiques. Pour Aldo
Panfichi, qui dirige ce département, « c'est
l'occasion de créer un lien entre la recherche et
l'élaboration de politiques de développement locales,
nationales et internationales. »

Dans le cadre de cette coopération internationale, la
PUCP et l'Université du Pays Basque (UPV en espagnol) en
Espagne ont signé un accord de coopération en vue de
créer des passerelles entre pays d'origine et pays de
destination dans le cadre universitaire. Cette année, des
professeurs péruviens se sont rendu à Bilbao pour
donner des cours sur la gestion des migrations à l'UPV.

Ce diplôme, conçu à l'origine pour les
diplomates, attire désormais des étudiants et des
experts dans différents domaines venus de tout le pays.

Jorge Canales enseigne à l'université de la
province d'Huacho, une zone où le taux de migration est
élevé. C'est pourquoi il ne regrette pas de faire
plus de deux heures de trajet pour suivre ces cours à Lima.
« Il est essentiel de combler nos lacunes en termes de
connaissance des migrations. Nous devons étudier cette
question si l'on veut que les familles de migrants et la
société dans son ensemble puissent en tirer
bénéfice » explique Jorge Canales.

Ces étudiants suivent les mêmes cours que les
fonctionnaires du Ministère des Affaires
étrangères. Antonio Miranda Sisniegas, ancien consul
du Pérou à San José, au Costa Rica,
reconnaît la valeur de ce forum et souligne l'importance de
cette approche multidisciplinaire qui ouvre la voie à des
discussions approfondies et plus analytiques.

Après deux ans d'existence et plus de 20
diplômés, la PUCP vient de consolider ce
diplôme. « Il est important de soutenir ce
diplôme. Après tout, nous formons des experts qui
occupent ou occuperont des positions stratégiques en vue
d'élaborer nos futures politiques migratoires » ajoute
Aldo Panfichi.