Migrant Stories

l'OIM envoie de l'aide médicale et abris d'urgence aux survivants du cyclone Nargis

« Dites-leur que nous prendrons tout ce qu'ils ont »,
hurle au téléphone Federico Soda, chargé de
coordonner l'action d'urgence de l'OIM au lendemain du cyclone
Nargis.

Installé au Trader's Hotel de Rangoon, ce dernier essaie,
en dépit d'une ligne grésillante, de dialoguer avec
ses collègues du bureau régional pour l'Asie du
Sud-Est de Bangkok qui sont tous regroupés, attentifs,
autour d'un téléphone.

Le « tout » désigne en fait le contenu de
trois appareils C-130 de l'armée de l'air américaine
stationnés sur la base militaire d'Utapao en Thaïlande.
Deux sont chargés de 8 500 kits d'hygiène, le
troisième de 224 rouleaux de bâches en plastique
donnés par l'Agence Américaine pour le
Développement International (USAID) en faveur des survivants
du cyclone Nargis.

Plus tôt dans la semaine, un don de l'USAID comprenant
quatre canots gonflables motorisés, 2400 jerrycans de 10
litres et 768 kits d'hygiène avait donné du baume au
coeur de Federico Soda. Arrivés à Rangoon le 26 mai,
ces bateaux joueront par la suite un rôle clé dans la
réponse d'urgence de l'OIM puisqu'ils permettront aux
équipes médicales basées à Bogale
– dans le delta de l'Irrawaddy – d'atteindre des
populations isolées ayant désespérément
besoin d'aide et accessibles uniquement par voie fluviale.

Avec 130 000 personnes mortes ou portées disparues et 2,4
millions de déplacés ayant besoin d'une aide
humanitaire, l'OIM et ses partenaires humanitaires savent que les
besoins des survivants de cette région déjà
pauvre seront encore plus importants après le passage du
cyclone qui a frappé le delta de l'Irrawaddy et Rangoon les
2 et 3 mai derniers.

« Nous savons qu'un mois après le passage du
cyclone (lorsque Migrations allait sous presse), moins de la
moitié de la population affectée a reçu de
l'aide. Pendant que nos équipes mobiles soignent les
survivants et évaluent les besoins, nous envoyons tout ce
que nous pouvons en terme de médicaments et de
matériels d'abri d'urgence », affirme Mac Pieczkowski,
chef de mission par intérim de l'OIM Rangoon.

Des kits sanitaires donnés par l'ONG International
Medical Corps (IMC) et destinés à répondre aux
besoins de 10 000 personnes pendant trois mois – ont
également été acheminés à
Rangoon via le nouveau centre logistique de l'ONU installé
à l'aéroport Don Muang à Bangkok.

« Nous acheminerons dans les prochaines semaines à
partir de l'aéroport Don Muang 40 000 bâches en
plastique et 147 purificateurs d'eau portatifs venant d'Inde ainsi
que des médicaments achetés en Thaïlande
», affirme Al Meneses, chargé de la logistique
d'urgence à l'OIM.

Dès leur arrivée à Rangoon, l'aide et les
équipements d'urgence sont stockés dans un
entrepôt de l'OIM à Rangoon. Cette aide comprend
notamment 14 tonnes de médicaments offerts par l'ONG
AmeriCares Foundation et 10 000 moustiquaires
imprégnées d'insecticide données par la
Direction du développement et de la coopération (DDC)
qui sera par la suite distribuée dans le delta par du
personnel médical national de l'OIM ou par des ONG
partenaires en étroite coopération avec l'ONU et le
gouvernement.

Depuis la signature en 2004 d'un accord avec le Ministère
de la Santé, l'OIM travaillait au Myanmar, employant plus de
200 collaborateurs nationaux travaillant essentiellement dans
l'État du Môn sur des projets de santé
communautaires. Après le passage du cyclone, l'OIM a
redéployé son personnel local de l'état de
Môn vers la région du delta, recruté de
nouveaux collaborateurs nationaux et internationaux et a
dépêché à Rangoon des experts de l'aide
d'urgence régionaux depuis les pays voisins.

« Nous disposons désormais de huit équipes
médicales qui travaillent en dehors de notre bureau de
Bogale », déclare Federico Soda. « Une
équipe s'occupe des personnes déplacées qui se
sont abritées dans des temples et autres lieux provisoires
dans des villes. Les autres équipes mobiles apportent une
aide médicale aux communautés situées au Sud
de Bogale et à Mawlamyine Kyune, la plupart de ces
communautés n'étant accessibles que par bateau
».

Ce dernier ajoute que la majorité des personnes sont
victimes d'infections respiratoires aiguës, de blessures et de
diarrhées alors que d'autres, traumatisées par le
cyclone, ont besoin de soins psychosociaux. « Pour l'heure,
nous travaillons avec nos partenaires du Môn à Rangoon
», ajoute-t-il.

« Alors que l'OIM a renforcé son personnel
international au Myanmar pour répondre aux besoins
humanitaires, elle se tient prête à s'investir plus
encore dans l'aide à la reconstruction si le gouvernement et
la communauté internationale le lui demandent », a
assuré Brunson McKinley, Directeur général de
l'OIM qui a participé à une conférence de
donneurs co-présidée par l'ASEAN –
l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est – et l'ONU
à Rangoon le 25 mai.

« Le gouvernement du Myanmar a signifié sa
préférence pour accueillir des travailleurs
humanitaires venant des pays membres de l'ASEAN. Nous employons
quelque 1 300 membres originaires de pays de l'ASEAN travaillant
dans huit des dix États de l'Association que nous pouvons
déployer à tout instant, si le gouvernement
décide de nous accorder un accès libre et des visas
», ajoute-t-il.

La question de l'accès des acteurs humanitaires et de
l'aide continue de perturber la réponse internationale
à Nargis. Les donateurs participant à la
Conférence de Rangoon – qui ont promis de financer 65%
de l'Appel d'urgence de l'ONU de 200 millions de dollars pour aider
les victimes – ont dit au gouvernement que le versement de la
plupart de cette somme dépendrait de l'émission de
plus de visas et du libre accès aux zones sinistrées
pour les travailleurs humanitaires internationaux.

Au moment d'écrire cet article, l'OIM avait reçu
des visas pour 13 membres du personnel international, la
majorité d'entre eux originaires d'États membres de
l'ASEAN. Les visas autorisent un mouvement libre dans Rangoon mais
ne garantissent pas l'accès aux régions du delta
touchées par le cyclone.

Après la Conférence de Rangoon, des signes
positifs d'un plus grand accès au delta sont apparus:
plusieurs agences ont signalé l'accès de membres du
personnel international accompagnés de membres du
gouvernement. Mais les progrès restent
désespérément lents face aux besoins
humanitaires grandissants des survivants encore isolés et
à l'arrivée de la mousson.

L'OIM a lancé un appel de fonds d'un montant de 8
millions de dollars pour financer des abris d'urgence et des
projets médicaux. Elle demande en outre des fonds pour
coordonner les activités d'un groupe de travail
consacré aux abris provisoires au sein du comité de
coordination inter-agences pour aider les personnes
déplacées par le cyclone qui sont actuellement
hébergées dans des camps, des temples et des
bâtiments publics.

L'OIM a déjà reçu 1,88 millions de dollars,
dont 1,45 millions de dollars du Fonds central d'urgence de l'ONU
(CERF), 400 000 dollars de la Chevron Corporation et 31 500 dollars
du Danemark.