Au cours de la dernière décennie, le nombre de personnes déplacées à intérieur de leur propre pays pour cause de conflits, de violences, de catastrophes et de changements climatiques n’a cessé de croître. À la fin de l’année 2021, parmi les 59 millions de personnes déplacées, plusieurs millions se trouvaient piégées dans des déplacements prolongés et dépendaient de l’aide humanitaire pour leur survie.1  Les estimations mondiales de la durée moyenne des déplacements actuels vont de 10 à 26 ans,2 avec, dans une cinquantaine de pays, des personnes en situation de déplacement interne depuis 10 ans ou plus.3 Les personnes déplacées sont souvent confrontées à de graves problèmes de protection, à un manque d’accès aux services essentiels et aux moyens de subsistance, ainsi qu’à des niveaux élevés de pauvreté et de marginalisation.

Dans ce contexte, le Secrétaire général de l’ONU a constitué en 2019 un Groupe de haut niveau chargé de la question des déplacements internes afin de formuler des recommandations, de recentrer l’attention et les engagements mondiaux pour répondre aux besoins de protection, de relèvement et de résilience à long terme des personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays (PDI). Les travaux du Groupe de haut niveau ont abouti à un rapport intitulé Éclairage sur les déplacements internes : Perspectives pour l’avenir, remis au Secrétaire général de l’ONU le 29 septembre 2021. Pour donner suite au rapport, le Secrétaire général a nommé un Conseiller spécial chargé des solutions aux déplacements internes et a demandé au système des Nations unies d’élaborer le Programme d’action sur les déplacements internes, lancé en juin 2022, pour mettre en pratique les recommandations du Groupe de haut niveau.

Le message du Secrétaire général dans son Programme d’action sur les déplacements internes est extrêmement simple : « Refaire encore la même chose ne suffit pas. » Conformément à l’approche du Secrétaire général et de son Conseiller spécial chargé des solutions aux déplacements internes, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) reconnaît que le système dans son ensemble doit dépasser la vision du déplacement interne comme étant principalement un problème humanitaire à court terme. Cela signifie qu’il faut promouvoir des solutions fondées sur des approches axées sur le développement et l’appropriation au niveau national, qui s’attaquent aux causes sous-jacentes des crises prolongées et renforcent la résilience face aux risques et à la vulnérabilité. Il s’agit de renforcer l’anticipation et la prévention en élargissant la portée des dispositifs d’alerte précoce et en mettant l’accent sur les approches communautaires dans la gestion des risques de catastrophe, l’adaptation aux changements climatiques et la stabilisation. Cela implique d’intégrer une approche « centrée sur les solutions » dans les réponses aux crises afin d’aider les communautés à s’engager sur la voie de la paix, de la prospérité et du développement durables dès le déclenchement d’une situation d’urgence.

En tant que chef de file des réponses aux besoins des personnes déplacées, l’OIM est à même de s’appuyer sur son travail et son expérience en matière de solutions durables, de renforcer ses partenariats et ses collaborations dans l’ensemble du système, et de contribuer à apporter les changements nécessaires.

 

Questions prioritaires

L’OIM donne la priorité aux domaines d’intervention suivants du Groupe de travail de haut niveau :

Promouvoir des solutions permanentes par des approches de développement : En qualité d’organisme chargé d’un triple mandat, l’OIM a adopté une approche des solutions qui commence pendant son travail humanitaire et couvre l’ensemble de son champ d’interaction (nexus). Toutefois, conformément au Programme d’action, l’OIM s’efforce tout particulièrement d’étendre et de renforcer ses programmes de développement dans le but de résoudre progressivement la question des déplacements.

Renforcer l’anticipation, la prévention et la préparation : L’OIM soutient la recommandation du Programme d’action du Secrétaire général préconisant de réduire les conflits et la violence en tant que facteurs de déplacements, et de limiter les risques de déplacement engendrés par les changements climatiques et les catastrophes. Pour y parvenir, l’OIM élargit la portée des dispositifs d’alerte précoce et met l’accent sur les approches communautaires dans la gestion des risques de catastrophe, l’adaptation aux changements climatiques et les programmes de stabilisation et de construction de la paix.

Adopter une approche « centrée sur les solutions » dans les réponses aux crises : L’OIM s’appuie sur sa programmation humanitaire pour s’assurer qu’une approche « centrée sur les solutions » est intégrée dans les initiatives de riposte. L’OIM utilise des plateformes de réponse et de coordination appropriées pour permettre aux PDI d’exprimer leurs préférences et les accompagner dans leurs premiers pas vers des solutions durables.

En outre, l’OIM maintiendra les priorités transversales suivantes sur l’ensemble de son travail afin de résoudre de manière permanente les déplacements internes :

Données et solutions : Grâce aux nombreux outils de la matrice de suivi des déplacements, l’OIM contribue à des interventions cohérentes et efficaces offrant des solutions durables. Elle apporte des données essentielles sur les stocks et les besoins des PDI, ainsi que des informations contextuelles et locales sur les facteurs du déplacement et les obstacles aux solutions. La matrice de suivi des déplacements est actuellement en vigueur dans plus de 80 pays, et fournit des informations sur les besoins de 39 millions de PDI à travers le monde.

Leadership du gouvernement : L’OIM aide les États à assumer leur responsabilité de protéger les droits des PDI et de répondre à leurs besoins en soutenant des cadres présentant des solutions durables menées par les gouvernements, en intégrant les politiques favorisant les solutions dans une planification plus large du développement durable, et en renforçant les capacités institutionnelles de mise en œuvre des politiques aux niveaux national et local.

Participation et inclusion : L’OIM applique depuis longtemps des approches territoriales et une planification communautaire dans le cadre de sa réponse aux déplacements internes. L’OIM continuera à investir dans des approches participatives, inclusives et responsables qui placent les autorités locales, les communautés et les populations déplacées au centre des solutions.

 

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Observatoire des situations de déplacement interne (Internal Displacement Monitoring Centre , IDMC), Global Report on Internal Displacement 2020 (Genève, avril 2020)
2 Elizabeth Ferris, When refugee displacement drags on, is self-reliance the answer? [article de blog], Brookings Institution (Washington, D.C., juin 2018).
World Bank, Forcibly Displaced: Toward a Development Approach Supporting Refugees, the Internally Displaced, and Their Hosts (Washington, D.C., 2017)