Communiqué
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Des vagues de violence déferlent sur Port-au-Prince en Haïti, déplaçant des milliers de personnes

Plus de 160 000 personnes sont déplacées dans la capitale haïtienne. Photo : OIM / Antoine Lemonnier 

Genève/ Port-au-Prince, 9 mars – L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) est profondément préoccupée par la montée de la violence depuis la fin février.  

Le dernier suivi des déplacements en date révèle que 15 000 personnes ont été déplacées en une seule semaine, toutes ayant déjà connu une situation de déplacement. Dix sites de déplacement se sont entièrement vidés en raison des vagues de violence successives, traumatisant les familles déplacées. Parmi les besoins urgents figurent l’accès à la nourriture, aux soins de santé, à l’eau et aux infrastructures d’hygiène, et le soutien psychologique. Plus de 160 000 personnes sont actuellement déplacées dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince. 

« Les Haïtiens ne peuvent pas vivre une vie décente. Ils vivent dans la peur et chaque jour et chaque moment où perdure cette situation, le traumatisme s’aggrave », déclare Philippe Branchat, chef de mission de l’OIM en Haïti, soulignant la gravité de la situation. « L’insécurité grandit au niveau national : la violence dans l’Artibonite, les blocages routiers à Cap Haïtien et les pénuries de carburant dans le Sud. Les personnes vivant dans la capitale sont enfermées, elles n’ont nulle part où aller. Celles qui fuient ne peuvent pas atteindre les membres de leur famille ou amis dans le reste du pays pour se réfugier. La capitale est cernée de groupes armés et de danger. La ville est en état de siège. » 

L’effondrement du système de santé, les attaques contre les hôpitaux par les groupes armés et l’absence de soins de santé mentale aggravent la crise humanitaire. Certains hôpitaux ont été attaqués par des groupes criminels et ont dû évacuer personnel et patients, y compris les nouveau-nés. Les professionnels de santé dans la capitale tirent la sonnette d’alarme car leur capacité à fournir les services médicaux les plus élémentaires est fortement diminuée. Parmi les services médicaux de base, les besoins en soutien psychosocial sont urgents.  

Les déplacements successifs, lors desquels les individus abandonnent tout, associés aux expériences de violence, de viol et aux conditions de surpeuplement, aggravent la détresse psychologique avec une augmentation alarmante des tendances suicidaires parmi les populations déplacées.  

Actuellement, quelque 362 000 personnes sont déplacées à l’intérieur du pays, parfois plusieurs fois pour certaines d’entre elles, faisant croître la vulnérabilité familiale. C’est 15 pour cent de plus depuis le début de l’année. Plus de la moitié d’entre elles, soit 180 000, sont des enfants, un groupe particulièrement vulnérable. La pénurie de biens et de ressources amplifie une situation économique déjà précaire. Chaque nouvel endroit présente des difficultés d’adaptation, telles que l’accès à l’eau et aux services de base. Les familles doivent constamment s’adapter, ce qui augmente le stress et l’anxiété.  

Malgré la situation chaotique en matière de sécurité dans la capitale, l’OIM et ses partenaires continuent à fournir de l'aide dans les zones où elle est le plus nécessaire. L'Organisation saisit toutes les opportunités disponibles pour fournir de l'aide aux communautés et aux populations déplacées dans différents quartiers et pour maintenir la cohésion sociale nécessaire entre les deux communautés qui font face à des besoins humanitaires similaires. 

L'OIM et ses partenaires ont assuré l’acheminement de près de 300 000 litres d'eau à plus de 20 000 personnes déplacées, la distribution de couvertures, de jerrycans, de lampes solaires, d'ustensiles de cuisine et de bâches en plastique à plus de 2 000 personnes et offrent un soutien psychosocial par le biais de lignes téléphoniques d'urgence et de cliniques mobiles avec des psychologues, des infirmières et des médecins. L'OIM a également fourni une aide financière à plus de 350 migrants vulnérables parmi les 1 820 rapatriés de République dominicaine au cours de la semaine dernière. 

L'OIM et les partenaires humanitaires ont besoin d'un accès sans entrave dans tout le pays pour s'assurer que l'aide vitale parvienne aux personnes les plus vulnérables tout de suite. 

L'OIM est présente en Haïti depuis 1994 et soutient les institutions de l'Etat dans leurs programmes immédiats et à long terme en matière de migration. 

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Pour plus d'informations, veuillez contacter :  

Antoine Lemonnier, OIM Haïti, +509 39 90 6920, alemonnier@iom.int